Une Antiquité moderne
Exposition organisée par l’Académie de France à Rome et le musée du Louvre
Sous le commissariat d’Elisabeth Le Breton et Jean-Luc Martinez
Vernissage : jeudi 7 novembre, de 19h00 à 20h00.
Exposition du 8 novembre au 1er mars 2020, entrée 6 euros.
Le directeur par intérim de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis, Stéphane Gaillard, est heureux d’accueillir du 8 novembre au 1er mars au 2020, l’exposition Une Antiquité moderne organisée avec le musée du Louvre et sous le commissariat d’Elisabeth Le Breton, conservateur du patrimoine au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines et Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée du Louvre.
Fondée à Paris en 1666 sous l’égide de l’Académie royale de Peinture et de Sculpture (1648), l’Académie de France à Rome fut au cœur de la connaissance et de la diffusion des modèles antiques en France. Sa collection de plâtres garde le souvenir de cette mission fondamentale.
« Une Antiquité moderne » présente 87 œuvres provenant pour la majeure partie des collections des deux institutions mais aussi des Ateliers d’Art de la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, de la Cité de la Céramique – Sèvres et Limoges, de la Bibliothèque nationale de France, du Museo dell’Arte Classica et Polo Museale de l’Université de la Sapienza, etc.
Cette exposition souhaite mettre en évidence la transmission des modèles esthétiques de la Grèce classique et hellénistique relayés par la Rome impériale et redécouverts par les artistes du Grand siècle français au XVIIe siècle, grâce à un matériau de transmission de choix, le « plâtre ». La mise au point récente, au musée du Louvre, de techniques de datation des modèles en plâtre permet aujourd’hui de retracer l’histoire des grandes collections royales et nationales françaises. Elles sont présentées dans un parcours chronologique de la réception de l’Antique en France du XVIe siècle au XXIe siècle.
Une première salle, dédiée à la technique du moulage à travers les siècles, permet de comprendre le développement de l’important commerce de la copie en marbre qui se met en place au IIe siècle après J.-C. grâce à la réalisation de modèles en « plâtre ». Ce premier corpus, importé de Grèce à Rome, permit la réalisation de très nombreuses copies en marbre.
Lors des grands travaux d’urbanisme dans la Rome de la Renaissance, l’exhumation de ces centaines de sculptures romaines – copies d’originaux grecs disparus – fait renaître en Italie et en France la fascination exercée par cet art. La rareté de ces marbres conduit Louis XIV à diligenter à Rome plusieurs campagnes de moulages de ces prestigieux modèles. Plusieurs centaines de plâtres et leur moules (reliefs et statuaire) sont ainsi réunis au Louvre pendant le règne du Roi Soleil. Présentées dans la salle des Antiques du Roi et à l’Académie royale de peinture et de sculpture fondée à Paris en 1648, comme à l’Académie de France à Rome à partir de 1666, elles jouent un rôle majeur pour les jeunes artistes. Elles sont appréciées pour leur blancheur et imposent ainsi l’idée d’une Antiquité blanche.
Le parcours de l’exposition propose ensuite de découvrir comment au XVIIIe siècle, au Palais Mancini – siège de l’Académie romaine – une double mission est confiée à cette collection de plâtre inédite à l’époque. Au service de l’éducation des artistes pensionnaires, elle se veut également l’expression de la puissance du royaume de France. Les collections sont exposées et visitables. Au milieu du XVIIIe siècle, la découverte majeure des sites de Pompéi et d’Herculanum, renforce l’intérêt pour la collection, qui se trouve immédiatement enrichie de ces nouveaux modèles moulés dès leur découverte.
Au XIXe siècle, l’Académie de France à Rome connaît sa dernière grande campagne de prise d’empreintes. Le musée des Etudes à l’Ecole des beaux-arts à Paris est en cours de constitution et Ingres, directeur de l’institution romaine, est missionné pour envoyer de Rome les modèles antiques les plus prestigieux. A cette époque, la Grèce se dévoile peu à peu grâce aux travaux des archéologues et la connaissance de l’aire antique s’en trouve largement agrandie. En 1845, l’Académie romaine offre à ses pensionnaires la possibilité de s’y rendre pour étudier ces nouveaux modèles. L’Ecole française d’Athènes est créée l’année suivante. Les modèles grecs arrivent alors à Rome où déjà Ravaisson, le philhellène, s’emploie à retrouver la Grèce en Italie.
Si depuis le XVIe, l’accent est porté sur les modèles antiques, il ne doit pas masquer l’intérêt des français pour la sculpture moderne en Italie. La première fois à la demande de François Ier, puis régulièrement à la demande de l’Académie de France à Rome, des modèles en plâtre de Michel-Ange – puis du Bernin à la demande Louis XIV – sont moulés et envoyés en France et marquent plusieurs générations d’artistes au fil des siècles.
Au XXe siècle, on assiste à une désaffection progressive pour le plâtre et les modèles antiques. Cependant, en 1919, sont exposées à l’Académie romaine des modèles en plâtre d’un Moyen Âge français méconnu – l’art gothique – endommagé pendant la guerre. Il s’agit d’un manifeste patriotique tout autant qu’une action visant à sensibiliser les contemporains à la protection du patrimoine en temps de conflits.
Au milieu du XXe siècle, une crise iconoclaste sans précédent affecte les collections de plâtres à Rome comme à Paris. Dans les deux cas, les modèles sont soustraits relégués dans des réserves et soustraits à la vue des artistes et du public.
L’Académie de France à Rome – Villa Médicis et le musée du Louvre, parents par nature, forts de leurs fonds respectifs et des résultats de vastes campagnes de restauration conduites depuis près de vingt ans, sont aujourd’hui en mesure à travers cette exposition de restaurer la mémoire de ces œuvres et d’écrire l’histoire de la transmission de ces modèles du XVIIe au XXIe siècle.
Jean-Luc Martinez, est président-directeur du musée du Louvre depuis 2013. Historien de l’art et archéologue français, il est agrégé d’histoire, diplômé de l’Ecole du Louvre et membre de l’Ecole Française d’Athènes de 1993 à 1996. Ses travaux scientifiques et publications touchent à la sculpture grecque et romaine et à la réception à l’époque moderne de l’art antique. Il entre au Louvre en 1997 comme conservateur en chef du patrimoine en charge des collections de sculpture grecque, et à partir de 2001 de la gypsothèque du Louvre. En 2007, il prend la direction du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, fonction qu’il exerce jusqu’à sa nomination à la tête de l’Etablissement public. Il est Chevalier de l’Ordre National du Mérite et Chevalier de la Légion d’Honneur.
Elisabeth Le Breton, est historienne de l’art et archéologue française, diplômée de l’Ecole du Louvre et de l’Université de Paris I Panthéon – Sorbonne. Elle entre au musée du Louvre en 1988. Conservatrice du Patrimoine au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, elle est responsable de la collection de plâtres d’antiques conservée dans la gypsothèque du musée du Louvre dans les écuries du roi à Versailles. Ses travaux scientifiques et publications l’ont conduit à s’intéresser à l’élaboration de cartes d’identité de plâtres anciens en lien avec les techniques, à la datation de ces œuvres, et aux circulations des modèles antiques grecs et romains du XVIe au XXe siècle.
Au cours d’un travail en commun instruit depuis 20 ans, Jean-Luc Martinez et Elisabeth Le Breton, ont conjugué la complémentarité de leurs approches des collections, et ajouté depuis plus de 10 ans, à l’étude des collections du musée du Louvre, celle des plâtres à l’Académie de France à Rome – Villa Médicis.
La Galerie Tactile
Grâce au prêt généreux des Ateliers d’Art de la Réunion des musées nationaux – Grand-Palais, à Paris, la Villa Médicis a le plaisir de présenter en lien avec Une Antiquité Moderne et pour la première fois une galerie tactile à destination de tous les publics. Découvrir formes et sujets par le toucher est une expérience unique qui fait comprendre les œuvres de manière sensible. Les modèles présentés sont en plâtre ou en résine.
À l’intérieur du célèbre atelier dit « Balthus », au cœur des jardins de la Villa Médicis, seront exposés un ensemble de sept œuvres : statues, têtes et bas-reliefs.
A partir du 21 novembre 2019 jusqu’au 1er mars 2020.
Le catalogue bilingue (français et italien), édité par Officina Libraria, regroupe des textes scientifiques par exemple d’Elisabeth Le Breton et Jean-Luc Martinez, mais encore de Philippe Jockey, Karolina Kaderka, Aude Gobet, Geneviève Bresc-Bautier, Emiliano Ricchi, Jean Délivré, Pascale Martinez, Emmanuel Schwartz, Jean-Marc Hofman, et Anne Marie Garcia.
Horaires d’ouverture de l’exposition :
du mardi au dimanche, de 10 heures à 19 heures (dernière entrée à 18 heures 30).
Billet double pour l’exposition et la visite guidée de la Villa Médicis et de ses jardins :
12 €/ 6 € (tarif réduit).
Billet pour l’exposition uniquement : 6 €, gratuit pour les moins de 18 ans.
Exposition réalisée avec le soutien de :
© Daniele Molajoli