UNA LINEA STORTA TESA | Exposition des pensionnaires
Exposition annuelle des pensionnaires de la Villa Médicis Commissaire : Saverio Verini Exposition du 10 juin au 6 août 2023 Programme de performances, lectures, conférences et concerts le 10 juin 2023
Avec la participation de : Begoña Zubero Apodaca, Maria Grazia D’Amelio, Séverine Ballon, Steve City, Sandro Compagnon, Ganavya Doraiswamy, Azzurra Fiume, Bianca Friscelli, Perry Gits, Kyara, Lorenzo Di Marzo, Geoffroy Mathieu, Lana Milan, Augustin Muller, Flavio Musillo, Maxime Hortense Pascal, Martin Planchaud, Virgile Pellerin, Amandine Pudlo, Rémy Reber, Peter Sellars, Jean-Étienne Sotty, Davide Stanzione, Studio T&D, Tom & Delhia, Rajna Swaminathan, Benjamin Tholozan, Pauline Von Aesch, Académie d’Espagne à Rome
Le titre de l’exposition, Una linea storta tesa, évoque le parcours de résidence des pensionnaires : une trajectoire à la fois linéaire et sinueuse faite de convictions et de questionnements, un fil constamment vivant, tendu et exalté. Tout au long de l’année de résidence à la Villa Médicis, les recherches des seize pensionnaires empruntent des voies inattendues parsemées de découvertes, rencontres et évolutions qui témoignent de la vitalité de cette expérience. L’exposition ne se présente donc pas comme une restitution de leurs projets mais plutôt le reflet d’un cheminement. Le titre suggère une image paradoxale, difficile à visualiser, qui reflète la complexité des propositions qui composent le parcours d’exposition.
Une constellation d’interventions, parmi lesquelles des installations artistiques, des performances, de la littérature, des recherches historiques, de la vidéo, de la photographie et de la musique, met en évidence les différentes orientations prises par les pensionnaires : de l’intérêt pour le paysage et ses transformations à la réflexion sur les féminismes, du potentiel affectif et historique des objets à la relation avec Rome et les espaces de la Villa Médicis, qui servent souvent de toile de fond aux créations des pensionnaires. Tels sont quelques-uns des thèmes qui se dégagent des différentes propositions de l’exposition, présentées selon un rythme qui met en évidence les affinités et les divergences entre les interventions.
Au fil de l’exposition, des performances et activations d’œuvres seront proposées par les pensionnaires de la Villa Médicis dans les salles d’exposition : lectures, happenings, performances.
Programmation du 10 juin 2023
Le samedi 10 juin de 16h à 21h, la Villa Médicis devient le théâtre d’un riche programme de lectures, conférences, performances et concerts, qui souligne une fois encore la pluridisciplinarité des propositions des pensionnaires. Performances accessibles dans la limite des places disponibles.
Le mardi 20 juin à 18h, la pensionnaire Sivan Eldar proposera dans la salle de cinéma Michel Piccoli de la Villa Médicis une restitution publique et un temps d’échange autour de son travail de résidence.
Sivan Eldar, accompagnée de la vocaliste et improvisatrice Ganavya Doraiswamy, du metteur en scène Peter Sellars, de l’artiste de Mrudangam Rajna Swaminthan, de la violoncelliste Séverine Ballon et du réalisateur en informatique musicale Augustin Muller, montrera ainsi un aperçu de son opéra en développement intitulé Nine Jewelled Deer.
L’exposition est accompagnée d’une publication rassemblant des contributions inédites d’auteurs et autrices qui questionnent, racontent et mettent en perspective le travail des pensionnaires dans un dialogue fécond autour de leurs pratiques artistiques. Elle sera disponible à l’ouverture de l’exposition.
Les auteurs et autrices associés à la publication : Dolores Bakela, Gorge Bataille (Elodie Petit), François Bon, Vittoria Bonifati, Fatma Cheffi, Sonia D’alto, Giulia Fiocca, Géraldine Gourbe, Joan Grandjean, Nicolas Mathieu, Gaëlle Obiégly, Francesca Pietropaolo, Jean-Luc Plouviet, Alix Prada, Lorenzo Romito, Simon(e) van Sarloos.
Les pensionnaires de la Villa Médicis 2022-2023
Samir Amarouch, compositeur
Né en France en 1991, Samir Amarouch est compositeur et guitariste. Il a étudié la guitare au Conservatoire de Boulogne-Billancourt en parallèle d’une formation universitaire en musicologie à la Sorbonne. Il est reçu en 2015 au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris.
La transposition des sons des environnements naturel, urbain et technologique constitue l’une des sources majeures de son travail de composition. Inspirées tant par les courants structuraliste, minimaliste, spectral, que par la musique traditionnelle orientale ou électronique, ses dernières œuvres portent sur la perception du temps et du rythme et sur l’ambiguïté entre timbre et harmonie.
Lauréat de plusieurs prix internationaux dont le Prix de Composition de la Fondation Ernst Von Siemens en 2020, sa musique a été jouée notamment par l’Orchestre Philharmonique de Radio France, l’Orchestre National de France, l’Ensemble Modern, ou encore l’Ensemble InterContemporain.
Son projet de recherche à la Villa Médicis est consacré à la réalisation d’un cycle d’œuvres dont l’instrumentation est issue de sa pièce Electronica-B minor crush composée pour 21 musiciens, mettant particulièrement en avant les accordéons microtonaux, le clavecin et la guitare électrique. L’accélération, la décélération, mais aussi les inflexions de la pulsation, le groove, les microvariations rythmiques et les sensations sont au cœur de ce travail auquel sera associée une recherche chorégraphique en collaboration avec un(e) danseur-chorégraphe, afin de faire émerger une œuvre hybride musique / mouvement.
Mounir Ayache, artiste plasticien
Né en 1991, l’artiste franco-marocain Mounir Ayache invite à renouveler notre regard sur les réalités politiques et sociales du monde arabe par ses créations technologiques.
En reprenant les codes de la science-fiction auxquels il mêle histoires familiales et réappropriation imaginaire des expériences et identités arabes, il s’inscrit dans le courant non-officiel de l’arabfuturism, influencé par l’afrofuturism des années 1990, qui s’inspire de la fiction pour proposer des récits alternatifs. Mounir Ayache singe les représentations de l’Autre et de l’Étranger dans les fictions occidentales, et se sert des nouvelles technologies pour réaliser et transmettre ses idées, brouillant ainsi les frontières entre art contemporain et entertainment.
Son projet de résidence s’articule autour du personnage d’Hassan al-Wazzan (1494-1555) devenu Jean-Léon de Médicis sous le pape Léon X, dit « Léon l’Africain », personnage principal du roman portant son nom écrit par Amin Maalouf en 1986. Il rédige en 1525 à la demande du pape « La Cosmographia de Affrica » qui servira de référence pour décrire l’Afrique sub-saharienne et l’Afrique du Nord et nourrira l’imaginaire européen pour qui cette région est inconnue.
En prenant comme base le manuscrit de 1525, son travail d’écriture consiste à créer un récit de science-fiction qui se déroule en 2500, et où le personnage principal inspiré d’Hassan al-Wazzan raconte les échanges Europe/Afrique, convoquant des problématiques géopolitiques et écologiques fictionnelles en lien avec la ville de Rome. Ce récit donnera lieu à la production d’une série de sculptures activant, au moyen d’un dispositif de réalité augmentée, des contenus numériques qui se superposeront au réel.
Yasmina Benabderrahmane, photographe
Yasmina Benabderrahmane est diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 2009 et du Fresnoy – Studio national des arts contemporains de Tourcoing en 2015.
Elle travaille le film et la photographie argentique de manière expérimentale. Sa pratique artistique instinctive se situe à mi-chemin entre le documentaire et le journal filmé, et prend principalement la forme d’installations multimédias. Elle collecte et sonde le monde visible et les personnes qu’elle aime et qui l’entourent.
Son travail a été exposé dans de nombreuses expositions internationales et intègre des collections aussi bien privées que publiques. Elle reçoit en 2018 le Prix Solveig-Anspach et se distingue Révélation Photographie – Lauréate du Prix LE BAL de la Jeune Création 2019 avec l’ADAGP. Elle remporte en 2021 la commande photographique nationale « Regards du Grand Paris – Année 6 » (CNAP – Ateliers Médicis).
Son projet de recherche repose sur la découverte avec sa tante, il y a quelques années, de trente ans d’archives de photographies diapositives données par des sœurs dominicaines. Elle apprend qu’elles seront expulsées de leur couvent francilien, qu’au Vatican, les nonnes protestent contre leurs conditions de travail, qu’il y en a même qui se reconvertissent « hospitalières » et s’engagent socialement. Une légende du IXe siècle raconte que la papesse Jeanne aurait accédé à la papauté en se faisant passer pour homme ; et son imposture révélée lorsqu’elle accoucha en place publique pendant son sacrement.
Pour Yasmina Benabderrahmane, derrière tout cela se cache l’idée qu’une femme vaut moins qu’un homme, qu’un prêtre est tout, une nonne rien. Elle observe le travestissement d’abord comme une tentative de transgression des genres et de l’ordre imposé. Ces questions de mascarades et de révélation l’amènent à réfléchir la tradition du carnaval dans l’accès au divin. Pour réaliser le projet de résidence « CARNE VALE, lotta lavora come un fascista », elle suivra une communauté pour mieux révéler des minorités, et cherchera à dévoiler la lumière.
Hortense de Corneillan, restauratrice du patrimoine
Née en 1980 à Paris, Hortense de Corneillan est restauratrice du patrimoine, spécialisée dans les matériaux céramique et verre. Diplômée en histoire de l’art, muséologie (École du Louvre) et conservation-restauration (Institut national du patrimoine), elle vit en Suisse depuis 2008.
Après 11 années passées au service d’un musée, elle exerce aujourd’hui en tant qu’indépendante. Elle intervient pour des institutions suisses et européennes dans les domaines de l’archéologie et des arts décoratifs.
Une part importante de son activité est consacrée à l’enseignement. Elle est maître d’enseignement à la Haute École Arc Conservation-restauration (HE-Arc CR, Neuchâtel) où elle coordonne également la formation continue pour les professionnels de la conservation.
Sa résidence à la Villa Médicis est consacrée aux restaurations menées au 19e siècle sur les vases antiques retrouvés en Étrurie. En considérant ces modifications comme des marqueurs culturels, témoignage d’un rapport mouvant à l’objet antique, elle souhaite questionner leur disparition progressive au cours des campagnes de restauration modernes. En parallèle, elle mène une réflexion sur les possibilités de médiation autour des vases restaurés. Comment rendre intelligible au public l’histoire intime et mouvementée de ces objets patrimoniaux ?
Lorraine de Sagazan, metteuse en scène
Parallèlement à sa formation d’actrice, Lorraine de Sagazan suit des études de philosophie. Afin de se former à la mise en scène, elle part à Berlin en 2014 pour assister Thomas Ostermeier. À son retour, elle travaille sur des adaptations de textes de répertoire : Démons de Lars Noren, Une maison de poupée de Henrik Ibsen et L’Absence de père d’Anton Tchekhov présentés notamment aux Nuits de Fourvière, au Centquatre et à la MC93.
En 2020, elle entame un nouveau cycle de travail interrogeant la manière dont la fiction peut répondre au réel. Ces recherches donnent lieu à deux premiers spectacles, La Vie invisible et Un sacre, créés au Théâtre de la Ville à Paris et au Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis où elle est artiste associée. Ses projets multiformes, au carrefour entre performance, arts de la scène et arts plastiques, s’exportent aussi bien à l’étranger que dans toute la France.
Son projet de recherche à la Villa Médicis s’intéresse à la justice contemporaine et plus particulièrement aux alternatives méconnues et marginales comme la justice restaurative. Il s’écrit comme à son habitude en immersion et donne lieu à l’élaboration d’un spectacle-performance qui questionne la manière dont l’art peut s’inscrire dans une démarche restaurative en inventant un rituel de justice par le théâtre.
Le projet se déploie en une constellation de propositions, dont un film et des installations dans l’espace public en collaboration avec d’autres artistes de la Villa Médicis, avec l’ambition de multiplier la création d’espaces juridiques utopiques et imaginaires ayant la force originelle de l’action.
Dorothée Dupuis, commissaire d’exposition
Née en 1980 à Paris, Dorothée Dupuis est commissaire d’exposition, critique d’art et éditrice d’art contemporain. Sa pratique se concentre sur l’intersection entre art et politique, vue depuis des perspectives transféministe, post-marxiste, décoloniale et antiraciste.
Elle est la directrice et fondatrice depuis 2013 du magazine Terremoto et de la maison d’édition Temblores Publicaciones, basés à Mexico. Avant son départ au Mexique en 2012, elle a été directrice du centre d’art contemporain et de résidences Triangle-Astérides à Marseille, de 2007 à 2012, et assistante-conservatrice au Centre Pompidou de 2005 à 2007. Depuis 2012, Dorothée Dupuis est commissaire indépendante et écrit sur l’art des Amériques autant dans Terremoto que dans des publications internationales.
Son projet de recherche à la Villa Médicis s’intitule « PERSPECTIVES REBELLES. L’exercice curatorial féministe en institution dans le temps présent à la lumière des féminismes italiens des années 70 ». Dorothée Dupuis poursuit depuis 2019 une phase de recherche théorique et d’écriture sur un format curatorial qu’elle pratique depuis le début de son parcours de commissaire : l’exposition d’artistes femmes, vue depuis le champ des études curatoriales.
Cette recherche est une immersion dans le projet qui anime les féministes du monde de l’art occidental depuis les années 1970, selon lesquelles il existerait une dette envers les artistes femmes, que l’exposition d’artistes femmes pourrait en quelque sorte « payer ». À la Villa Médicis, elle souhaite se servir de l’héritage du féminisme italien des années 70 revisité à notre époque contemporaine comme le cadre théorique, affectif et conceptuel pour avancer l’écriture du livre Payer la dette : l’exposition d’artistes femmes comme provocation.
François Durif, écrivain
Né en 1968 à Clermont-Ferrand, François Durif est écrivain et artiste. Diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, son travail ne cesse d’interroger le statut de l’artiste contemporain et ses prérogatives.
Lors de ses premières expositions, il endosse tour à tour l’habit d’homme d’intérieur et celui de plâtrier-peintre, développant ainsi un art de la discrétion. Il agit à chaque fois dans la durée, enregistre des actions in situ et produit un texte rendant compte de son cheminement. À la suite d’un bilan de compétences, il quitte le monde de l’art et devient assistant funéraire et maître de cérémonie dans l’agence parisienne de pompes funèbres L’Autre Rive (2005-2008). Douze ans plus tard, il revient sur cette expérience singulière dans son premier récit Vide sanitaire, paru aux éditions Verticales en octobre 2021. Aussi tient-il à s’adresser au lecteur avec la même franchise que lors de ses performances promenées au cimetière du Père-Lachaise.
C’est dans cette énergie recouvrée qu’il conçoit son projet d’écriture au sein de la Villa Médicis. Du mot « confetti » il se saisit comme d’un objet, enquêtant sur ce curieux projectile et ses mues successives : d’abord de plâtre – confetti italien –, puis de papier – dit alors confetti parisien. Son histoire étant indissociable de celle du carnaval, il les étudie conjointement en vue de s’ouvrir peu à peu à l’hétérotopie de la fête et d’entraîner avec lui d’autres pensionnaires dans l’organisation d’un carnaval au sein de la Villa Médicis à la Mi-Carême 2023.
Parallèlement à son travail d’écriture, il entreprend de convertir une partie de ses archives en confettis – façon de matérialiser le luxe de temps offert par cette utopie localisée qu’est la Villa Médicis. Écrire, selon lui, tout autant que fabriquer des confettis, est une activité manuelle qui suppose de savoir couper – se décentrer.
Sivan Eldar, compositrice
Née en 1985 à Tel Aviv, la compositrice Sivan Eldar est titulaire d’un doctorat en composition de l’université UC Berkeley puis a rejoint l’IRCAM à Paris pour suivre le Cursus de composition et d’informatique musicale (2017).
Sa musique, publiée par les Éditions Durand, est décrite comme « méditative et captivante » (L’Humanité), « d’un grand raffinement » (ResMusica) et « avec une sensibilité unique à la dramaturgie » (Diapason).
Ses créations les plus récentes incluent Like Flesh (Opéras de Lille, Montpellier, Lorraine, Anvers), After Arethusa (Biennale de Venise, Auditorium du Louvre), Una Mujer Derramada (Théâtre du Châtelet), Heave (Centre Pompidou, Opéra de Marseille, November Musique) et Solicitations (Philharmonie Luxembourg, Ultraschall Berlin, Festival Présences, Wien Modern). Elle a récemment remporté le prix Fedora Opéra 2021, et a été résidente à la Villa Albertine, à la Colonie MacDowell et aux fondations Camargo, Civitella Ranieri, Singer-Polignac, Royaumont et Fulbright.
En janvier 2022, elle termine son premier opéra Like Flesh, aboutissement de quatre années de recherche d’un nouveau langage musical hybride. Son année comme pensionnaire à la Villa Médicis marque donc un moment unique de réflexion artistique et sera consacrée à un nouveau projet : un oratorio pour 2024 où la question du rituel joue un rôle central.
L’oratorio est une juxtaposition de deux récits séminaux, la sutra radicale de Vimalakirti et l’histoire de la légendaire musicienne carnatique Seetha Doraiswamy. Il s’agit d’une collaboration avec deux voix artistiques distinctes : le metteur en scène Peter Sellars et la chanteuse indienne de musique carnatique Ganavya Doraiswamy, pour le Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence.
Marion Grébert, historienne de l’art
Marion Grébert est une ancienne élève de l’École normale supérieure de Lyon, issue du département des arts et de la section de littérature comparée. Après être devenue docteur en histoire de l’art, elle publie un premier essai en octobre 2022, Traverser l’invisible. Énigmes figuratives de Francesca Woodman et Vivian Maier, paru chez l’Atelier contemporain à Strasbourg. L’ouvrage reçoit le Prix André Malraux 2022.
Son parcours se caractérise par la combinaison d’une formation académique et théorique et d’une formation pratique. Tout au long de sa thèse de 2014 à 2019, elle réalise plusieurs expériences professionnelles (chargée de cours en histoire de l’art à Paris-IV-Sorbonne Universités de 2014 à 2017, stagiaire-assistante à la conservation photographique au Musée d’Orsay en 2014 et au MoMA à New York en 2017). Une fois le titre de docteur obtenu, elle poursuit ses recherches dans le cadre de bourses post-doctorales dont elle est lauréate : la Fondation Balzan (Suisse) en partenariat avec Paris-III-Sorbonne Nouvelle en 2019-2020 et la Terra Foundation for American Art (États-Unis) en partenariat avec l’INHA (Paris) en 2021-2022. Marion Grébert est aussi diplômée des Beaux-Arts de Paris (2015). La photographie reste au centre de sa démarche, dans la tradition des écrivains-photographes.
À la Villa Médicis, elle écrit un deuxième essai qui porte sur la fleur, considérée aussi bien comme motif figuratif que comme objet culturel par l’histoire ou l’archéobotanique. Elle dessine un parcours allant des jardins et des fresques des Villas de l’Empire romain jusqu’à l’art d’après-guerre au XXe siècle, notamment dans l’œuvre littéraire et cinématographique de Pasolini, et en s’attardant sur la période charnière de la Pré-Renaissance. La fleur lui permet de proposer une certaine histoire de la modernité italienne et européenne tant artistique que politique et économique, dans une perspective d’anthropologie visuelle.
Ce travail est complété par la réalisation de séries photographiques dans les espaces de la Villa, pour partie en collaboration avec Pauline Von Aesch. Ces images seront présentées lors de la restitution de fin de résidence des pensionnaires.
Bocar Niang, artiste plasticien
Bocar Niang est né griot d’une famille de griot·te.s, le 8 juin 1987 à Tambacounda au Sénégal. Il est titulaire d’un Master en arts et cultures de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy. Il développe actuellement une thèse de recherche et création artistique au sein du programme doctoral RADIAN.
Fondateur du Musée griot au Sénégal et de ses antennes en France, il est également directeur artistique du Festival Tamba Jeunes Talents au Sénégal, depuis 2008, et du Nekkalante Festival en France, depuis 2018. Son travail pluridisciplinaire mêle oralité, installation, écriture, sculpture, film, vidéo et musique. Il a été présenté, entre autres, au Centre Pompidou, Palais de Tokyo, Fondation Ricard, Biennale de Dakar, Biennale de Cenon, Ygrec-Ensapc, Laboratoires d’Aubervillers et au Musée Théodore Monod de Dakar.
Le projet mené à la Villa Médicis s’articule en deux volets : d’une part la production de récits et de performances orales/sonores visant à développer les récits d’objets, d’œuvres et à fortifier les liens entre individus, mobilités, et leurs contextes et territoires. Ces récits ont lieu à travers des lectures plurilingues, des podcasts, des déclamations d’écrits et la création d’œuvres sonores sur les collections, paysages ou légendes de la Villa Médicis et de la ville de Rome. D’autre part, la réalisation d’une série de sculptures intitulée Babyfoot, composée de 44 dessins et modélisations d’individus, dont les personnages sont issus de différents pays du monde.
Lasseindra Ninja, chorégraphe
Lasseindra Ninja est une danseuse et chorégraphe basée à Paris depuis plus de dix ans.
Formée en France et aux États-Unis, elle a développé sa pratique artistique dans le cadre de l’organisation de balls majeurs, de créations chorégraphiques et de performances en solo ou en collaboration avec d’autres artistes.
Elle s’intéresse dans son travail aux identités et aux espaces qui existent entre le réel et le virtuel, depuis la scène vers les écrans et inversement : quand et sous quelles conditions le mouvement peut-il être exécuté, et comment est-il perçu et jugé. Son œuvre repose sur des vecteurs panafricain et transatlantique au sein d’une réflexion contemporaine sur l’Histoire des corps, les traces et les réminiscences des expériences collectives dansées.
Pionnière de la Scène Ballroom en Europe, elle a fondé le chapitre Eurasien de la « International & Iconic House of Ninja ». Reconnue au sein de la communauté Ballroom internationale par le titre de Légende, elle explore désormais les champs de la création contemporaine, de la composition musicale et des arts numériques (photo et vidéo) au sein d’institutions prestigieuses comme le Centre national de la danse ou le Ballet national de Marseille.
Le projet de création chorégraphique développé par Lasseindra Ninja pour sa résidence à la Villa Médicis s’inspire de la culture Ballroom et se situe au carrefour du numérique (photo, vidéo et animation 3D) et du spectacle vivant (danse, théâtre et performance). Cette création a pour thème la notion de fair-play en ce qu’elle questionne et critique la faculté de juger à l’intérieur et à l’extérieur du paradigme communautaire, un palimpseste de l’expérience critique transformative et performative.
Le format de cette création est une pièce d’une durée d’environ une heure, pour huit à dix danseurs membres de la Ballroom Scene internationale. À la performance de danse en direct s’ajoutent des projections multimédia qui viennent augmenter le langage chorégraphique puissant du voguing : des éléments dramaturgiques nécessaires à l’explicitation du récit transgressif qui habite la chorégraphe.
Liv Schulman, artiste plasticienne
Née en 1985, Liv Schulman grandit à Buenos Aires où elle fréquente l’école publique. Fascinée par la télévision, l’arrivée du câble en 1990 et le crash financier de 2001 sont parmi les moments les plus marquants de sa vie. Diplômée de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy, elle vit en France depuis 2015.
Le travail de Liv Schulman prend la forme de fictions filmées, de séries TV, de lectures-performances et d’écriture romanesque. Les discours qui sont au cœur de son travail portent sur la place de la subjectivité dans l’espace politique et de la difficulté de lui accorder du crédit. Ainsi, elle donne à voir une véritable telenovela à la télévision comme dans un musée. Dans sa démarche, créer signifie faire l’expérience directe d’un milieu, d’un système, d’un sujet.
Elle a exposé sa production à la Villa Vassilieff à Paris, au CAC La Galerie à Noisy-le-Sec, au Centre Pompidou à Paris, au Crac Alsace, au festival Steirischer Herbst en Autriche, à la fondation Ricard à Paris, au SMK à Copenhague, au Museo de Arte Moderno de Buenos Aires, au musée Reina Sofia à Madrid, et au Bemis Center for Contemporary Arts au Nebraska. Elle a bénéficié notamment de la bourse ADAGP, du mécénat de la Fondation des Artistes, du programme de résidences DAAD en Allemagne, et a reçu le prix Ricard en 2018.
Liv Schulman développe à la Villa Médicis une recherche autour de l’anti-théâtre de Luigi Pirandello et de sa relation avec les affects de la folie de sa femme Maria Antonietta Portulano. Considérant que le travail de Pirandello est fortement influencé par le devenir axiomatique de son épouse, elle souhaiterait proposer une approche de cette recherche liée à la psychothérapie institutionnelle.
Son projet « Anti-théâtre, anti-psychiatrie, psychothérapie institutionnelle et un Opéra-T-shirt dans la Rome de Pirandello » consiste à effectuer d’après cette recherche un travail dramaturgique autour et dans la Rome des Portulano-Pirandello, utilisant la ville comme une scène théâtrale ou cinématographique. Dans ce décor se déploie un opéra-film où des touristes anonymes déambulent dans toute la ville. Ils se déplacent portant des t-shirts avec des axiomes, créant une chorégraphie du métalangage.
Anna Solal, artiste plasticienne
Anna Solal est née en 1988 à Dreux. Elle vit et travaille à Paris.
Elle appartient à une nouvelle génération d’artistes qui se distingue par une prédilection pour le « fait main », pour le croisement sans hiérarchie de processus empruntés à l’art et à l’artisanat. Ses assemblages sont fabriqués à partir d’objets rebuts qu’elle glane au cours de ses déambulations. Ils sont recomposés en motifs aériens, comme des oiseaux ou des cerfs-volants. Brutalement figurative, cette iconographie pop, anxieuse et mouvante, met en avant l’isolement de l’individu et une forme d’abstraction dans laquelle il navigue. Anna Solal a exposé au Palais de Tokyo (Paris), au CAC Passerelle de Brest, au Musée des abattoirs de Toulouse, ou encore à Interstate Projects (New York).
Elle développe à la Villa Médicis un projet intitulé « Empire défaillant », qui propose une série de tableaux sculpturaux composés de collages incorporant le dessin et la photographie. Ce projet a pour thématique le collectif humain défini dans les relations inter-humaines et dans son lien à l’environnement naturel. Il prendra pour cadres temporels la Rome Antique qui jadis a dominé le monde, la Rome fasciste, et la Rome d’aujourd’hui avec son tourisme de masse.
L’incarnation de ce collectif sera assurée par un travail organique et symbolique autour du papier et du textile. Un texte créé par Olivier Prada accompagnera ce projet plastique : le récit d’un âne réincarné en larme, circulant dans une Europe dévastée.
Si la notion d’effondrement est bien présente avec les désastres écologiques et impériaux, jaillissent ensuite de nouvelles formes de vie, et la notion de miracle voit le jour – miracle qui adviendra ou n’adviendra pas.
Sarah Vanuxem, théoricienne
Après des études de droit et de philosophie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, Sarah Vanuxem a soutenu une thèse intitulée Des choses saisies par la propriété (préface de Th. Revet, Institut de Recherches Juridiques de la Sorbonne, 2012).
Maîtresse de conférences à la faculté de droit de l’Université Côte d’Azur depuis 2012, ses recherches se situent à la croisée du droit des biens et du droit de l’environnement, avec des incursions en philosophie environnementale, en anthropologie de la nature et en histoire du droit.
Elle a codirigé, avec C. Guibet-Lafaye, l’ouvrage Repenser la propriété, un essai de politique écologique (Presses Universitaires d’Aix-Marseille, 2015), écrit divers articles et est, notamment, l’autrice de deux essais : La propriété de la terre (Wildproject, 2018) et Des choses de la nature et de leurs droits (Quae, 2020).
Le projet de recherche qu’elle mène à la Villa Médicis s’intitule : « Du droit de déambuler ». Réécrire les fictions juridiques à l’âge de l’anthropocène et s’appuie sur l’étude du droit à déambuler en réponse aux bouleversements écologiques. Pour ce faire, elle prévoit de tenir un journal d’arpentage dans la langue du droit, de fabriquer des outils juridiques pour favoriser les droits de passage et d’écrire une science-fiction juridique. À l’opposé de la sédentarité généralisée et favorisée par nos sociétés industrielles, Sarah Vanuxem réinterprètera les règles du droit à partir de cette fiction dans laquelle nous serions tous nomades.
Parce que le droit d’arpenter la terre est souvent revendiqué par certains collectifs, elle suivra notamment le mouvement des beni comuni ou « biens communs » italiens, avec une enquête sur l’arrêt « Villa Borghese versus Rome », par lequel le ius deambulandi fut reconnu aux citadins romains en 1887. Elle rejoindra également le groupe pionnier d’artistes-marcheurs romains « Stalker ». Pour Wildproject, elle préparera un livre articulé autour des thèmes suivants : « vagabonder », « chasser, cueillir, pêcher, glaner », « transhumer », « se promener », et « fuir et se réfugier ».
Ariane Varela Braga, historienne de l’art
Ariane Varela Braga est historienne de l’art et de l’architecture. Elle a enseigné aux universités de Zurich (2014-2019), où elle prépare sa thèse d’habilitation, et de Genève (2019-2020) et en tant que professeure invitée à l’Université de Milan (2022). Ses recherches ont été soutenues l’Institut Max-Planck pour l’histoire de l’art–Bibliotheca Hertziana, le Fonds national suisse pour la recherche scientifique et la Fondation Gandur pour l’art. En 2021, elle a été lauréate d’une bourse André Chastel de la Villa Médicis et de l’Institut national d’histoire de l’art. Ancien membre de l’Institut suisse de Rome, elle est chercheuse associée à HISTARA/EPHE et co-fondatrice et coordinatrice de NeReMa–International network for research on marbre and decorative stones.
Ses recherches se situent à l’intersection entre histoire de l’art, architecture et culture matérielle. Sa thèse de doctorat, soutenue à l’Université de Neuchâtel en 2013, est parue sous le titre Une théorie universelle au milieu du XIXe siècle. La Grammar of Ornament d’Owen Jones (Campisano, 2017). Elle est l’auteur de plusieurs articles et ouvrages portant sur la théorie de l’ornement, l’orientalisme dans les arts décoratifs et l’architecture, ainsi que sur le marbre. En parallèle à ses activités de recherche, elle est commissaire indépendante pour des expositions portant sur les arts des XIXe et XXe siècles.
Son projet de recherche à la Villa Médicis, intitulé « MARBRE. Identité, mémoire et matérialité, de l’unification italienne au fascisme », porte sur la symbolique du marbre et ses emplois dans l’architecture italienne, de l’unification de la nation au fascisme. Il entend explorer le lien entre matériau, matérialité et identité collective à un moment historique où la recherche d’une identité artistique et culturelle italienne, entre tradition et renouveau, devint cruciale. Se concentrant sur Rome, le projet prend en considération les emplois emblématiques du marbre dans l’architecture monumentale et institutionnelle de la fin du XIXe siècle jusqu’à la période du Ventennio (1922-1943), les narrations et discours développés autour de son utilisation, selon une perspective à la croisée de l’histoire de l’art et de l’architecture, des études sur la mémoire et de l’anthropologie. Il s’agit de comprendre les mécanismes, pratiques et enjeux idéologiques, politiques, économiques, techniques et artistiques qui ont porté à la « création » du marbre comme matériau « national » représentatif de la culture et de l’identité italienne.
Laura Vazquez, écrivaine
Laura Vazquez écrit. Elle a publié plusieurs livres de poésie chez différents éditeurs dont La main de la main (Prix de la Vocation) aux éditions Cheyne en 2014, et Vous êtes de moins en moins réels aux éditions Points en 2022. Son premier roman, La semaine perpétuelle, est paru aux éditions du Sous-sol en 2021. Il a reçu la mention spéciale du Prix Wepler et le Prix de la page 111. Son épopée, Le livre du large et du long, est parue en mars 2023 aux éditions du Sous-sol.
Ses textes sont traduits en chinois, anglais, espagnol, portugais, norvégien, néerlandais, allemand, arabe et italien. En parallèle de l’écriture, elle donne régulièrement des lectures en France et à travers le monde (Contemporary Museum de Shanghai en Chine, Musée d’art contemporain de Genève en Suisse, Norsk Litteraturfestival en Norvège, Festival Voix Vives Tolède en Espagne, fondation Perdu à Amsterdam en Hollande, etc.) Elle codirige la revue Muscle avec Roxana Hashemi. Enfin, elle anime des ateliers, des masterclasses et des workshops d’écriture.
À la Villa Médicis, Laura Vazquez écrit sa première pièce de théâtre : une tragédie lesbienne.
Elles sont innocentes. Dans la tragédie tout le monde est innocent. Ce sera un texte dans un langage littéral, sans double et sans complicité. Le contraire du jeu de mot. Ce sera un texte jamais malin. Ce sera une catastrophe sur le point d’arriver, et ce sera sans recours. Chaque parole sera directe et directement par les yeux. Une histoire d’amour, la limite de notre condition. L’épopée et la tragédie traitant d’une même matière. L’épopée actionnant, la tragédie montrant. La bêtise humaine, le grand miroir jusqu’à la mort. C’est l’ignorance et l’innocence, tout sera pardonné. Une destinée héroïque forcément tourne mal. Au théâtre, au départ, il n’y avait qu’un personnage : le chœur Eschyle porta ce nombre à deux et donna le premier rôle au dialogue. Sophocle porta ce nombre à trois. Et voici les voix. Zg Zg, brr, brr, gang, gang, skuuuu
Saverio Verini, commissaire de l’exposition Una linea storta tesa
Saverio Verini est commissaire de la Nuit Blanche de la Villa Médicis 2021 et 2022 et de l’exposition des pensionnaires 2022 et 2023.
Commissaire d’expositions et de manifestations d’art contemporain, Saverio Verini a collaboré avec de nombreuses institutions telles que la Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea, l’Institut Italien de Culture de Paris, le Centro per l’arte contemporanea Luigi Pecci, le MACRO, l’American Academy in Rome, la Fondation Civitella Ranieri, la foire ArtVerona, la Fondazione Memmo à Rome.
Depuis avril 2023 il est Directeur des musées municipaux de Spolète (Italie). Collaborateur du magazine Artribune, il est également auteur de plusieurs textes critiques dont la monographie Roberto Fassone. Quasi tutti i racconti (PostmediaBooks, 2018) et l’essai La stagione fatata (Castelvecchi, 2022) sur le rapport entre enfance et art contemporain en Italie.
La scénographie de l’exposition (dessin mobilier) a été réalisée par Luca Galofaro (LGSMA).
Informations pratiques
Jours et horaires d’ouverture de l’exposition : Du lundi au dimanche (fermé le mardi) entre 10h et 19h (dernière entrée à 18h30)
Tarifs : Tarif plein : 10€ / Tarif réduit : 8€ Tarif TRIBU : 2€ Gratuit pour les détenteurs de la carte SOLO ou DUO
Du 17 juin au 2 juillet, tous les samedis et dimanches de 14h à 19h, un programme de médiation de l’exposition en anglais est organisé en collaboration avec les étudiants du MA Visual Arts and Curatorial Studies de NABA (Rome). Du 8 au 22 juillet, ce même programme sera organisé tous les samedis de 14h à 19h. Réservation des visites commentées en anglais
L’Académie de France à Rome – Villa Médicis remercie les mécènes et partenaires qui soutiennent sa programmation artistique et en particulier cette exposition :
Mécènes CHANEL ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS INSTITUT DE FRANCE FONDATION LOUIS ROEDERER FONDATION JEAN-LUC LAGARDÈRE FONDATION D’ENTREPRISE BANQUE POPULAIRE
Avec le soutien de CLUB CRIOLLO FATAMORGANA GROUPAMA ASSURANCES AIR FRANCE SOFITEL ROMA VILLA BORGHESE