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05.12 - 06.12.2024
Dans le cadre de l’exposition Le chant des sirènes, la Villa Médicis organise deux journées multidisciplinaires consacrées à l’eau – Eau Douce et Eau Salée – proposant une série de rencontres, conférences performatives et lectures publiques et gratuites. Les arts visuels, la peinture, la littérature et la poésie, l’histoire et l’archéologie, la sciences et la recherche se rencontrent à cette occasion.
Hervé Brunon, historien des paysages et de l’écologie, propose une visite en plein air à la découverte des fontaines de la Villa Médicis, activées exceptionnellement pour l’occasion. Ce parcours met en lumière l’Acqua Virgo, aqueduc Romain qui traverse la Villa Médicis, et nous invite à explorer les vestiges de la Rome cachée, au croisement de l’histoire de l’eau et des territoires. Les historiennes et archéologues Silvia Ginzburg, Francesca Mari et Maria Elisa Amadasi raconteront ces traces invisibles du passé de l’Aqueduc, puis l’artiste Yasmine El-Amri présentera lors d’une conférence performée la ligne de partage des eaux et les fractures géographiques et sociales qu’elle révèle.
« Car l’eau est l’âme des villes et des jardins » : visite du jardin et des fontaines
Avec : Hervé Brunon
Langue : italien
Conversation Le long de l’Aqueduc – l’Acqua Virgo
Avec : Silvia Ginzburg, Francesca Mari, Maria Elisa Amadasi
Langue : italien
Conférence performée Plan d’eau, l’après-midi
Avec : Yasmine El-Amri
Langue : français avec traduction en italien
L’artiste photographe Rose-Lynn Fisher et l’autrice et éditrice Morgane Ortin explorent les liens entre l’eau et les émotions humaines à travers l’histoire des larmes, témoins d’un rapport social et fabriqué à nos émotions et à notre vulnérabilité. Morgane Ortin invite à l’expérience d’une catharsis collective, tandis que Rose-Lynn Fisher utilise la micro-photographie pour capter les larmes, dévoilant une cartographie poétique et scientifique de ce qui est invisible.
Conversation Topography of Tears
Avec : Rose-Lynn Fisher
Langue : anglais avec traduction en italien
Conférence performée Le club des Larmes
Avec : Morgane Ortin
Langue : français avec traduction en italien
Le roman de Nina Leger paru en 2024 chez Gallimard est une histoire d’eau et de ruée vers l’or qui nous conduit dans la Feather River, en Californie. La romancière propose une lecture de passages de son livre, où la rivière est la protagoniste d’une réflexion puissante sur la ruine et la prospérité.
« En 1848, on découvre de l’or dans la Feather River, en Californie du Nord. Une ville naît, baptisée Oroville ; la ruée vers l’or commence. En 2020, Thea, géologue venue à Oroville pour travailler en aval du gigantesque barrage désormais construit sur la Feather River, doit fuir devant l’avancée des méga-feux. Alors qu’un monde vacille, la violence de son histoire resurgit. Entourée de femmes aimées — une écrivaine de science-fiction, une descendante d’un peuple autochtone, une ingénieure coréenne —, Thea tente de remonter le fil des dévastations issues de la ruée vers l’or. Porté par la langue puissante et tendre de Nina Leger, le chant ancien de la rivière se mêle aux voix d’un présent bouleversé pour faire entendre l’épopée d’une civilisation qui s’est construite en détruisant, au point de préparer sa propre ruine. »
Langue : lecture en français avec un texte à disposition en italien
La programmation de cette journée est réalisée avec Juliette Bessette, historienne de l’art à l’Université de Lausanne.
La Villa Médicis propose une visite de l’exposition Le chant des sirènes par la co-commissaire Caroline Courrioux, qui sera l’occasion d’explorer la peinture sous-marine de l’artiste grec Yiannis Maniatakos (1935-2017), une pratique unique où l’artiste plonge ses toiles dans l’eau pour capturer l’interaction entre l’art et l’environnement aquatique. Juliette Bessette, historienne de l’art, et Maria Papadimitriou, sculptrice et élève de Yiannis Manitakos, offriront des perspectives historiques et personnelles sur cette approche de la peinture et ses techniques.
Visite de l’exposition Le chant des sirènes
Avec : Caroline Courrioux
Langue : anglais avec traduction en italien
Conversation To the magic depths of the sea – Yannis Maniatakos
Avec : Juliette Bessette, Maria Papadimitriou
Langue : anglais avec traduction en italien
L’après-midi s’articule autour des interventions de Pauline André-Dominguez, autrice et chercheuse, Lara Tabet, biologiste et artiste plasticienne, et Laure Limongi, autrice et pensionnaire de la Villa Médicis en 2023-2024. Toutes trois explorent l’imaginaire humain lié à l’océan et la mer, de la poésie aux récits écologiques. Pauline André-Dominguez examine les représentations de la mer à travers la fiction de Jules Vernes à notre présent, tandis que Lara Tabet aborde la crise écologique des océans. Laure Limongi propose en avant-première une lecture de son livre L’invention de la mer (à paraître en janvier 2025 aux éditions Tripode), une œuvre poétique qui interroge les liens entre l’eau et l’imaginaire collectif.
Conférence performative Sous le vent de la mer, des mondes vivants : quel imaginaire de la mer au XXIe siècle?
Avec : Pauline André-Dominguez
Langue : français avec traduction en italien
Conversation Correspondent Species
Avec : Lara Tabet
Langue : français avec traduction en italien
Lecture L’invention de la mer
Avec : Laure Limongi
Avant-première avec Le Tripode, sortie le 16 janvier 2025
Langue : lecture en français avec textes traduits en italien
Clôturant deux journées consacrées aux imaginaires et luttes autour de l’eau, l’artiste et autrice Myriam Rabah-Konaté propose une lecture immersive de passages du livre Non-noyées de la poétesse féministe américaine Alexis Pauline Gumbs (2024, co-édition Burn-Août et Les Liens qui libèrent). Le livre s’inspire des mammifères marins comme modèles de résistance et de réinvention des modèles sociaux et féministes. Une oeuvre qui nous parle de poésie et de solidarités inter-espèces.
Langue : lecture bilingue italien-français
MAI MAI MAI est un projet audio/vidéo de Toni Cutrone, qui fait jouer les sons et les images d’un sombre voyage à travers les traditions et le folklore du sud de l’Italie et de la Méditerranée. Il s’agit d’une exploration sonore entre les rituels païens et le catholicisme, la nature et la magie de la vie rurale, utilisant des sons d’archives et des enregistrements de terrain ainsi que des collaborations avec des musiciens contemporains « avant/ethniques » tels que Vera di Lecce, Lino Capra Vaccina, Maria Violenza, Youmna Saba, Mike Cooper, Nziria, Go Dugong… Mai Mai Mai incarne une hantologie méditerranéenne qui, loin d’être nostalgique, réveille bruyamment des spectres et les convoque pour nous accompagner dans notre vie quotidienne.
Maria Elisa Amadasi est chercheuse en archéologie à la Scuola Normale Superiore de Pise, où, dans le cadre du projet ERC « IN-ROME », elle se consacre à l’étude des infrastructures hydrauliques et de la voirie de Rome à l’époque impériale.
Elle s’est spécialisée en archéologie classique à l’Université La Sapienza de Rome, où, en 2023, elle a soutenu sa thèse de doctorat sur l’Aqua Virgo. Cette thèse a permis de retracer l’histoire de l’aqueduc, de l’Antiquité à nos jours, et d’approfondir les connaissances sur ce monument. L’étude des sources antiques et épigraphiques, des documents d’archives et des textes publiés a été complétée par des prospections de surface et des explorations dans les tunnels souterrains. Les explorations spéléologiques ont permis de cartographier certains tronçons de l’Aqueduc, comme celui du canal qui passe sous la Villa Médicis.
Autrice-chercheuse française, Pauline André-Dominguez s’attache à raconter le monde au travers des littératures du réel qui croisent les faits et l’art du récit.
Après avoir pratiqué en freelance le journalisme narratif sur les questions de transitions jusqu’en 2019, elle travaille aujourd’hui au Centre de Recherche sur les Arts et le Langage de Paris (EHESS-CNRS) en recherche-création zoopoétique avec des écologues du Muséum National d’Histoire Naturelle (CESCO, MNHN).
Sa thèse, menée dans le cadre du Programme Prioritaire de Recherche Océan et Climat (CNRS, Ifremer), fait dialoguer la littérature et les sciences océaniques pour partager des savoirs nécessaires sur la vie marine dans un contexte de transition écologique.
Juliette Bessette est historienne de l’art (Université de Lausanne). Elle a mené plusieurs travaux sur l’histoire des imaginaires scientifiques au prisme des arts et de la culture visuelle. Ses recherches actuelles portent sur les représentations artistiques de l’océan et de la vie marine depuis le début du XXe siècle. En mêlant histoire de l’art d’une part, histoire et philosophie des sciences marines de l’autre, elles visent à constituer une généalogie des relations sensibles à l’océan pendant une période de bouleversements environnementaux. En 2024, elle a organisé à Marseille un colloque intitulé « Une histoire de l’art bleue. Création artistique, biodiversité et environnement océanique (XIXe-XXIe siècle) ».
Historien des jardins, du paysage et de l’écologie, Hervé Brunon est directeur de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et membre du prestigieux Centre André Chastel (Unité Mixte de Recherche 8150, affiliée à Sorbonne Université, CNRS et au ministère de la Culture, Paris). Ses recherches accordent une attention toute particulière aux interrelations entre sociétés et environnements. Il explore des thématiques telles que la symbolique, la mémoire et l’expérience esthétique dans le contexte des jardins et des paysages, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, en adoptant une approche résolument interdisciplinaire qui inclut l’écologie, l’archéologie ou encore la philosophie et l’anthropologie.
Dans son travail, Yasmine El Amri s’intéresse aux adhérences entre l’aménagement du territoire et ce qui lui préexiste. Depuis 2018, elle développe le projet Maquette(s), sculpture-périmètre d’exploration des domestications de l’eau. En 2023, ce projet reçoit une bourse de l’Aide Individuelle à la Création. Maquette(s) est sujet de nombreux textes de l’artiste et contribue fin 2023 à l’écriture d’un roman. En 2024, elle est invitée par la Galerie Anne-Laure Buffard à lire des extraits de son livre à paraitre. À partir de 2021, elle écrit et présente une série de performances Comment coulent les rivières ? Celles-ci sont présentées au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, pendant le festival Littérature Etc à Lille, à Pauline Perplexe à Paris. Dans sa dernière performance Devenir Viaduc, présentée à la Maison Poème à Bruxelles, elle interroge sa relation aux infrastructures comme objets de désir, comment elles lui survivent et l’intiment. Ses textes ont été publiés dans Precious Liquid Magazine et aux éditions Notabilia.
La prédilection de Laure Limongi pour l’expression et le livre s’exprime à travers différents gestes artistiques. Écrivaine, Laure Limongi a publié une douzaine d’ouvrages dont L’Invention de la mer (à paraître au Tripode, janvier 2025), On ne peut pas tenir la mer entre ses mains (Grasset, 2019, Prix du livre corse, Prix de la collectivité de Corse), Anomalie des zones profondes du cerveau (Grasset, 2015, sur la liste du prix Médicis)… Elle développe également des formes artistiques et performées, programmées en France et à l’étranger, tel, récemment, le Service des Panacées, qui fait dialoguer littérature et médecine. Laure Limongi a également été éditrice pendant une quinzaine d’années, et après avoir codirigé le Master de Création littéraire du Havre, elle enseigne à l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy. En 2023-2024, elle était pensionnaire de la Villa Médicis, Académie de France à Rome.
Rose-Lynn Fisher est spécialisée en macro et micro-photographie depuis de nombreuses années. Ses recherches tentent de matérialiser, de rendre visible par l’image, des manifestations physiques de l’ordre de l’impalpable. Les extrêmes variétés et dissemblances entre chacune de ses études de larmes révèlent l’infinité de l’Homme, l’existence d’une multitude de territoires en nous-mêmes, et autant de
Silvia Ginzburg est professeur d’histoire de l’art moderne au département d’études humanistes de l’université de Roma Tre. Ses domaines de recherche concernent principalement la peinture et la littérature artistique des 16e et 17e siècles. Elle est la créatrice et la coordinatrice d’un projet du PNRR intitulé Along the Aqueduct. Artistes actifs dans les chantiers de construction et de décoration pour les mécènes humanistes le long du tracé de l’Aqua Virgo, de la périphérie au centre de Rome au XVIe siècle.
Nina Leger est écrivaine. Elle a publié Mise en pièces (Gallimard, 2017) pour lequel elle a reçu le prix Anaïs Nin et le prix littéraire de la Vocation. L’ouvrage a été traduit et publié en anglais par Granta sous le titre The Collection.
Plus récemment, Nina Leger a fait paraître Antipolis (Gallimard, 2021), roman consacré à la technopole de Sophia-Antipolis. Le projet qu’elle conduit à la Villa Albertine lui permet de poursuivre sa réflexion sur l’écriture des lieux et de leurs histoires disputées.
En parallèle de son travail d’écriture, Nina Leger enseigne l’histoire et la théorie de l’art aux Beaux-arts de Marseille.
Francesca Mari est docteure en Histoire de l’art moderne à l’Université de Roma Tre, et possède un doctorat en patrimoine historico-artistique à l’Alma Mater Studiorum – Université de Bologne et en “Études comparatives : langues, littératures et arts à l’Université de Rome “Tor Vergata”, où elle enseigne actuellement. Elle est chargée de recherche à l’université de Roma Tre dans le cadre du projet coordonné par le professeur Silvia Ginzburg : Le long de l’Aqueduc sur les artistes actifs dans la construction et la décoration de sites pour des mécènes humanistes sur le tracé de l’Aqua Virgo, de la périphérie au centre de Rome au XVIe siècle.
Archiviste de l’amour, militante de l’intime et poétesse, Morgane Ortin, diplômée en lettres de La Sorbonne, et ancienne directrice éditoriale de la maison d’édition DesLettres spécialisée dans la publication de lettres de grands écrivains, est la fondatrice d’un projet d’archivage de messages intimes écrits en français partout au travers du monde du nom d’Amours solitaires, ainsi que l’autrice d’un premier best-seller du même nom aux éditions Albin Michel, traduit en sept langues. Elle travaille à remettre sur le devant de la scène l’écriture thérapeutique, le genre épistolaire et la poésie par une approche inclusive, participative, et accessible. Avec son avant dernier livre, Le secret, l’autrice a délaissé les rivages de l’amour pour les abîmes de l’intime. Son premier recueil de poésie, La chambre sans murs, vise à revisiter le genre poétique par une approche libre et décomplexée en abordant les thèmes de la rupture et de la guérison. En 2021, elle publie un carnet d’écriture épistolaire, Toutes les lettres ne sont pas des lettres d’amour (ou peut-être le sont-elles ?) aux éditions Leduc, puis en 2023, Le club des Larmes, un carnet thérapeutique où elle explore l’histoire de nos pleurs, tout en réconciliant le lecteur à ses propres sanglots.
Myriam Rabah-Konaté danse, écrit, traduit et produit des documentaires sonores entre Marseille, Rabat et le 93. Interprète pour Radouan Mriziga (Libya), elle transmet également la danse improvisée. Explorant les espaces géographiques et diasporiques qui lui sont chers, elle pratique la cartographie sensible et produit des documentaires radiophoniques pour France Culture : Écouter la Muette (2023) ; Ce qui disparaît (2024). En 2024, elle co-écrit son premier livre jeunesse, Le Nil, fleuve des pharaons, et co-traduit, avec Emma Bigé et Mabeuko Oberty, une œuvre féministe d’Alexis Pauline Gumbs, poursuivant ainsi son engagement artistique et politique.
Lara Tabet est médecin biologiste et artiste plasticienne libanaise basée à Marseille. Diplômée en pathologie clinique de l’American University of Beirut et en photographie de l’International Center of Photography de New York grâce à la bourse Lisette Model, son travail explore le corps, l’espace et les questions de genre, sexualité et identité.
Ses œuvres ont été présentées à la Biennale de Taipei (2023), à l’Institut du Monde Arabe (2022), aux Rencontres d’Arles (2019) et lors d’expositions personnelles à la Galerie Janine Rubeiz (Underbelly, 2019). Lauréate de prix et bourses prestigieux, notamment le Prince Claus Mentorship Award (2022) et le Prix du Musée Sursock (2018), elle a également participé à des résidences artistiques majeures, comme à la Fondation Camargo (2024). Professeure de photographie, elle a enseigné à l’Université Américaine de Beyrouth et à Salzbourg.
Jeudi 5 décembre de 14h à 20h
Lieu : Grand Salon et jardins
Vendredi 6 décembre de 14h à 20h
Lieu : Grand Salon, jardins et salles d’exposition
Tous les événements programmés sont gratuits sur réservation, dans la limite des places disponibles. Le billet donne accès à tous les événements de la journée ainsi qu’à l’exposition Le chant des sirènes, valable pour le jour réservé.