Geoffroy Drouin
Geoffroy Drouin
2011-2012Geoffroy Drouin
Periodo: 2011-2012
Professione: Compositore Compositeur français né en 1970, Geoffroy Drouin se forme au Cnsm de Paris, où il travaille avec Gérard Grisey, Marco Stroppa et Marc-André Dalbavie ; puis s’enchaîne un passage à Royaumont où il bénéficie du soutien de Brian Ferneyhough et de Jonathan Harvey, avant d’intégrer le cursus de composition et d’informatique de l’Ircam en 2002. Il noue là-bas des amitiés musicales multiples, et se voit proposer une collaboration avec l’Institut en tant que compositeur en recherche sur un projet d’aide à l’orchestration. Le centre Pompidou lui consacre par ailleurs un atelier-répertoire pour sa pièce
Crispy Grain , réalisée pendant son cursus à l’Ircam. La pièce est depuis régulièrement jouée. En 2005, c’est l’Orchestre Philharmonique de Radio France qui lui passe commande d’une oeuvre pour trombone et orchestre,
Patchwork . La rencontre avec l’ensemble TM+ suscite de son côté la création de
Feed-back , pour six instrumentistes, pièce inscrite et reprise depuis dans le répertoire de l’ensemble. Puis c’est le concerto pour hautbois et ensemble,
Le bruit de la trace , qui voit le jour sous la direction de l’ensemble 2e2m, avec comme soliste principal Didier Pateau. Lauréat du prix de la
Fondation André Boucourechliev en 2008, il entame alors une étroite collaboration avec l’ensemble Court-circuit, ensemble qui le met à l’honneur pendant deux saisons consécutives. De cet échange naîtra
Ritenuto pour huit instrumentistes. Docteur de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, Geoffroy Drouin engage un travail de recherche et de réflexion sur l’écriture, parallèlement à son activité de compositeur. C’est l’occasion pour lui de confronter ses problématiques musicales avec celles de ses contemporains issus d’autres horizons d’activités (science, philosophie), partageant avec eux la conviction d’une actualité contemporaine de la pensée. Il participe ainsi à de nombreux colloques, et prend en 2008 la coresponsabilité d’un nouveau cycle de séminaires de composition dans le cadre des
Samedis d’Entretemps à l’Ircam. Il enseigne actuellement au Conservatoire du Centre de Paris, ainsi qu’à l’Université de Versailles Saint Quentin-en-Yvelines. Ses œuvres sont jouées en France comme à l’étranger, et font l’objet de nombreuses commandes (État, festival, radio, etc.). Lauréat de la sélection de l’Académie de France à Rome en 2010, il est actuellement pensionnaire à la Villa Médicis pour un séjour de 18 mois. Un portrait
La musique de Geoffroy Drouin, foisonnante et riche dans sa facture, s’amorce toujours dans la confrontation de l’hétérogène. Cette rencontre de la différence dans le matériau musical est pour lui l’occasion de déployer ses stratégies d’écriture qui permettront in fine d’organiser et de révéler musicalement les différentes tensions que suscite une telle confrontation, tout en leur assurant une cohérence globale ; bref, dans ce conflit vertueux et délibéré de singularités, c’est de faire sonner la partition dont il est question. Sa complexité revendiquée est ainsi à comprendre non pas comme un bariolage de signes musicaux à donner la migraine à plus d’un, mais bien plutôt comme le résultat de l’émergence d’une surface musicale irréductible, témoignant du rapport fructueux de cette confrontation initiale. Cette émergence, Geoffroy Drouin aime à la considérer comme la figure d’une trace, laissée à la surface de la partition. Perçue au premier plan par l’auditeur, elle est néanmoins marquée par l’empreinte d’opérations sous-jacentes et souterraines, qui, pour le coup, échappent apparemment à l’écoute, mais dont la présence témoigne de l’histoire de l’œuvre et de sa consistance.
Se définissant musicalement volontiers comme épicurien, cette spéculation dans l’écriture est toujours portée par une soif de sonore, qu’il consomme volontiers avec boulimie. Sensible autant aux manipulations raffinées et sophistiquées de timbres, qu’à une écriture gestuelle dense et engagée, la musique de Geoffroy Drouin se joue des techniques exclusives propres aux différents courants esthétiques. Pourtant très loin d’une attitude postmoderne, il fuit les emprunts et les collages avec véhémence, c’est plutôt l’occasion pour lui de s’adonner à une forme d’élasticité dans l’écriture, qui lui garantit vitalité et souplesse. On l’aura donc compris, c’est bien plus la contradiction que les positions fermées qui stimule son travail. C’est essentiellement dans cette résistance que sa musique y trouve ce souffle singulier. Ensemble Court-circuit