Translatio

À l’occasion de l’exposition Lieux Saints Partagés à la Villa Médicis, Clovis Maillet et Nicolas Sarzeaud, pensionnaires en 2024-2025 à la Villa Médicis ont imaginé deux journées d’études visant à mettre en évidence la mise en partage de récits entre différentes sphères culturelles.

Ces journées se concentrent sur le récit chrétien : porteur d’une vocation universelle, l’Église a cherché à diffuser son message le plus largement possible. Cette volonté d’expansion a entraîné des formes d’hybridation culturelles parfois contrôlées, souvent imprévues, qui nourrissent aujourd’hui encore la création contemporaine.

En croisant recherche scientifique et pratiques artistiques, ces rencontres proposent un voyage à travers un christianisme en transformation, au carrefour d’influences multiples.

Biographies

Nicolas Sarzeaud 

Nicolas Sarzeaud est chargé de recherche FRS-FNRS à l’Université catholique de Louvain. Diplômé de l’École du Louvre, il a soutenu en 2021 une thèse à l’EHESS sur le culte aux Suaires du Christ entre le XIVe et le XVIe siècle, publiée au Cerf en 2024 sous le titre Les Suaires du Christ en Occident (Prix Provins 2025).  Ancien pensionnaire de la Villa Médicis, il a enseigné à l’Université Lumière Lyon II ainsi qu’à l’Université de Lorraine et publié de nombreux articles sur le culte des images à la fin du Moyen Âge et la façon dont elles étaient montrées, regardées, diffusées grâce à une intense production de copies.

Clovis Maillet 

Clovis Maillet est historien médiéviste et artiste. Spécialiste des questions de genre et de parenté dans la culture visuelle médiévale, il est l’auteur de La parenté hagiographique (2014), Les genres fluides. De Jeanne d’Arc aux saintes trans (2020), Un Moyen Âge émancipateur (2021), et Écotransféminismes (avec E. Bigé, 2025). Depuis le début des années 2000, il développe une pratique artistique mêlant performance, installation et film, il a également co-écrit le spectacle Medieval Crack avec le collectif Foulles.

Victor Barabino 

Victor Barabino est A.T.E.R. en histoire antique et médiévale à l’Université de Lorraine. Après une thèse réalisée à l’Université de Caen Normandie, il consacre ses recherches aux interactions entre culture religieuse et culture militaire en Scandinavie médiévale.

Vir Andres Hera 

Vir Andres Hera est un artiste dont la pratique se déploie à travers des installations cinématographiques multicanaux, des compositions sonores, des performances et des écrits critiques. Son travail étudie les dynamiques enchevêtrées de la conscience diasporique, de l’exil, de l’identité de genre et de la mémoire à travers un langage cinématographique radicalement déconstruit. Formellement ancrée dans le cinéma élargi, son approche remet en question les structures narratives linéaires embrassant la fragmentation, la superposition, le multilinguisme et la disjonction temporelle.

Puisant dans des archives collectives et personnelles, il assemble des montages audiovisuels qui déstabilisent les histoires hégémoniques tout en mettant en avant des voix marginalisées. Ses œuvres émergent souvent comme des assemblages poétiques où le visuel, le textuel et le sonore cohabitent dans des espaces affectifs de résonance. Elles articulent des épistémologies queer, Chicanas et Afrodiasporiques, et remettent en question les cadres coloniaux ancrés dans la culture visuelle. Sa pratique artistique résiste à la fermeture et embrasse la multiplicité, créant des constellations d’images, de gestes et de langages qui reconfigurent l’expérience du temps, de la voix et de l’identité.

Diplômé du Fresnoy, du Mo.Co. Montpellier et de l’UQAM à Montréal, Vir Andres Hera a été entre autres en résidence à la Casa de Velázquez (2015-16), Triangle-Astérides (2021), Breaking Bread, Cape Town (2023) ou encore au Salzburger Kunstverein (2024). Son travail a été présenté internationalement, notamment à la Haus der Kulturen der Welt, la Gaîté Lyrique, Mimosa House London et Luma Foundation Westbau. Son installation Amoxtli a récemment reçu le prix Jeune Création Internationale à la Biennale de Lyon, et la même année le Centre Pompidou lui consacre une soirée rétrospective.

En 2025, il est finaliste du Prix Visio à Florence, et il est en résidence au CIAPV Vassivière et à la Fondation Carasso à Madrid. En 2026 il prépare sa prochaine installation « Incwadi » et est invité au Musée Juan Soriano (MX), STUK Leuven (BE) ou encore la Art Gallery of New South Wales, Sydney (AU) pour une exposition majeure sur les diasporas autochtones. Il a dirigé le programme de master de l’École Expérimentale d’Annecy-Alpes entre 2021 et 2025 et il rejoint depuis 2025 l’équipe enseignante de la Villa Arson. Il fait également partie du comité éditorial de Qalqalah قلقلة, plateforme transdisciplinaire de recherche et de traduction.

Elise Haddad

Élise Haddad est docteur en histoire et civilisations de l’EHESS, à Paris. Elle a d’abord travaillé sur les images du Moyen Âge européen, notamment des images monumentales et manuscrites de l’Apocalypse, leur iconographie et leurs usages sociaux, avant de se former en langues et cultures mésoaméricaines, ce qui lui permet aujourd’hui d’élargir ses corpus aux images monumentales de la Nouvelle Espagne dans les premières décennies de la Conquête. Ce sont quelques unes de ces images du premier XVIe siècle qu’elle présentera lors des journées d’études à la Villa Médicis. Réalisées dans des contextes mixtes, par des Européens ou la première génération des indigènes éduqués dans les écoles des missionnaires, pour des européens ou les indigènes tout premiers convertis au christianisme, elles témoignent de la rencontre, du choc, des stratégies mises en œuvre pour concilier deux cultures visuelles et de multiples appartenances.

Dario Biancullo

Dario Biancullo (1986) est un designer, activiste et artiste multidisciplinaire formé à Forcella (NA) et présent sur le territoire napolitain. Il explore et produit des méthodes sociales nouvelles et alternatives de dénonciation queer et transféministe et d’autodétermination collective/communautaire pour la déviance dans le but d’une pratique intersectionnelle d’art participatif, performatif et visuel avec des auto-enquêtes : vidéos, installations environnementales, aérosol-art sur tissus et affichage de posters dans l’espace public et privé, galeries, théâtres, fondations, espaces à but non lucratif. Il traverse et dénonce le monde de la « mode ».

En relation avec les fondatrices de l’Atn (association trans Naples) et de l’Afan (anciennes femminelle Naples) et des figures importantes du théâtre queer napolitain ancien, il mène une activité de reconnaissance mutuelle, de partage d’archives, de contamination, entre le nouveau et l’ancien, le folklore, le sacré, le rituel et la pensée dissidente.

La pensée anti-patriarcale se manifeste avec sa communauté « queer ».

Co-fondateur d’un organisme artistique – Korybass (dérivé de Coribanti) – qui tisse un réseau d’inclusivité dans la région méditerranéenne en croisant tradition et nouvelle hyperstition du possible et du réel, produisant militantisme et vision, spiritualité et blasphèmes sacro-queers à travers des rencontres, des discussions, des rituels de guérison et des arts performatifs participatifs.