Art Club #1 Enzo Cucchi

« Le projet de Cucchi [Morro d’Alba, 1949 ; vit et travaille à Rome] (…) comprend trois éléments qui touchent à la fois le sol et le mur principal du Grand Salon. Le premier est couvert par une sorte de labyrinthe éphémère dont les contours, faits de poudre blanche destinée à disparaître, reprennent sous forme tautologique ceux d’un plan imaginaire de la Villa face auquel le spectateur éprouve un léger dépaysement dû à la fois à la perception improbable qu’il ressent (…) qu’au renversement de la perspective que celui-ci provoque (…). En son centre se trouve une statuette en bronze à la forme imaginaire, surprenante à cause de ses traits physionomiques ambigus (…) et de ses multiples références culturelles (…). La sculpture fait penser à la représentation d’une idole, présente en plein centre de l’apparat graphique qui l’entoure et de la salle où elle se trouve, dont elle redessine de manière idéalisée les proportions architecturales et les fonctions. Ces dernières s’assimilent en effet de manière emblématique à celles d’un temple de cultes indéfinis, mais riches d’une spiritualité profonde et authentique, dénuée de toute connotation. Cette absence de référence fait que les rites célébrés en son sein sont purement laïcs et intellectuels, comme le répète aussi la grande peinture qui recouvre la fenêtre centrale, celle qui fait face à l’entrée. Associée aux tapisseries des Gobelins, dont elle réinterprète en les renouvelant, la composition et la disposition, cette œuvre présente un fond uniforme fait des tons clairs des terres mêlés à de légers reflets de bronze. En son centre apparaissent, tracées en or, les silhouettes de deux individus qui sont réunis par une tête zoomorphe en dessous desquels la toile perd tout à coup son allure plane pour devenir un ovale concave et irrégulier, semblable au cratère d’un volcan. On y distingue les signes du zodiaque gravés dans le lustre en métal (…)»

ppp, Enzo Cucchi, février 2016.