Le lieu

La Villa Médicis

L’imposante façade du viale della Trinità dei Monti, par lequel le visiteur entre à la Villa Médicis, ne laisse pas présager le raffinement de l’autre façade, celle qui à l’intérieur s’ouvre sur les jardins par une loggia en serlienne. Les bas-reliefs antiques ornant la façade interne et les marbres précieux du perron offrent un aperçu de la magnificience souhaitée par Ferdinand de Médicis pour sa villa romaine. La conservation, l’étude et la mise en valeur du patrimoine architectural et paysager de la Villa Médicis est aujourd’hui au coeur des missions de l’Académie de France à Rome.


L'architecture et les décors

Façade sur jardins

Tourelles de la Villa Médicis

Patrick Tourneboeuf

Loggia ouvrant sur les jardins

Les noces de Jupiter et de Junon, détail du plafond de la Chambre des Éléments peint par Jacopo Zucchi v. 1584-1585

Chambre turque (c) Daniele Molajoli

Chambre Turque

Pas accessible dans le parcours de visite

Loggia

Chambre des oiseaux, pavillon de Ferdinand de Médicis

Frise d'une chambre historique

Perron de la loggia

Une villa florentine à Rome

Demeure de villégiature du cardinal Ferdinand de Médicis au XVIe siècle, la Villa Médicis est un exemple de villa au style Renaissance entièrement préservé. Entourée d’un jardin de 7 hectares bordé d’un côté par les murailles d’Aurélien et de l’autre par un belvédère surplombant la ville, la Villa Médicis présente une silhouette caractéristique dans le paysage romain avec ses deux tourelles symétriques.

Le spectacle de la façade

Très différente de celle côté ville, la façade sur jardin a été créée par l’architecte Bartolomeo Ammannati pour Ferdinand de Médicis. Conçue autour du motif central de serlienne, la façade est particulièrement scénographique grâce à la perçée de lumière de sa loggia ouvrant sur les jardins. Les deux lions sculptés, dont les originaux sont conservés à la Loggia dei Lanzi à Florence, évoquent le signe astrologique du cardinal de Médicis mais aussi l’animal amblématique de Florence. Les bas-reliefs antiques qui ornent la façade, distribués sur quatre étages symétriquement, illustrent des scènes mythologiques et de sacrifice, mais aussi des récits des guerres de Trajan contre les Daces ou encore le Combat d’Hercule contre le lion de Némée. Des masques de théâtre sculptés complètent l’ensemble.

Les décors de Jacopo Zucchi

Parmi les œuvres décoratives incontournables de la Villa Médicis figurent les plafonds à caisson et les frises de l’appartement du cardinal situé au-dessus de la loggia, réalisés par le peintre florentin Jacopo Zucchi et son atelier vers 1584-1585. Imaginé par le poète et humaniste Pietro Angeli da Barga, le décor cosmologique et mythologique de l’appartement évoque la destinée glorieuse de Ferdinand de Médicis.

Dans la Chambre des Amours, les toiles peintes du plafond ont été brulées au début du XVIIIe siècle par décision de Cosme III de Médicis qui les jugeait trop licencieuses. À leur place sont présents depuis 2015 sept grands panneaux commandés par la Villa Médicis au peintre Claudio Parmiggiani (1943-), dévoilant les silhouettes évanescentes de centaine de papillons.

Au fond des jardins, au-dessus du Mur d’Aurélien, deux pièces contiguës recouvertes de fresques réalisées en 1576-1577 composent ce qu’on appelle communément le Studiolo. La première recèle une fabuleuse fresque végétale lui valant le surnom de « Chambre des oiseaux » : des dizaines d’espèces d’oiseaux et d’animaux peuplent une pergola entourée d’une flore foisonnante. Ce décor intimiste était dissimulé sous un badigeon blanc probablement appliqué au début du XIXe siècle : il a été découvert de façon spectaculaire en 1985 grâce à la pensionnaire restauratrice Géraldine Albers (en savoir plus). La chambre a récemment fait l’objet d’une restauration complète en 2010-2011, menée par Luigi De Cesaris.

Petite pièce attenante à la Chambre des Oiseaux, la Chambre de l’Aurore présente un décor de grotesques ornant les parois et le plafond, en référence aux peintures retrouvées dans la Domus Aurea de l’empereur Néron. Une telle variété dans les décors ne se représentera que bien longtemps après, lorsque l’artiste Horace Vernet, directeur de l’Académie de 1829 à 1834, orne d’un décor néo-mauresque l’une des tourelles de la Villa Médicis dans la Chambre dite « turque », revêtue de faïences et boiseries colorées ainsi que d’un plafond peint, qui exprime le rêve orientaliste de son époque. Un siècle plus tard, ce décor inspirera, entre autres, Balthus pour l’une de ses célèbres peintures : La Chambre turque, 1965-1966, Centre Pompidou, MNAM-CCI, Paris.

Les interventions de Balthus

Le peintre Balthazar Klossowski de Rola, dit Balthus, a contribué à façonner l’aspect de la Villa Médicis tout au long de son directorat de 1961 en 1977. Dès son arrivée, il entreprend de restaurer l’édifice et les jardins afin de redonner son caractère et son lustre à la Villa. Il crée notamment un décor mural aux teintes subtiles et lumineuses qui répondent à celles des fresques du Cinquecento qui ornent, dans plusieurs pièces, le haut des murs. Balthus recherche la juste nuance en retravaillant d’anciennes strates de peintures superposées, de couleurs variées. La touche finale de ce décor consiste à frotter les murs avec des fonds de bouteille pour altérer et voiler le résultat obtenu, produisant ainsi un effet de vibration et l’évocation d’une patine brillante.

Balthus s’investit aussi dans le remeublement de la Villa Médicis, sillonant l’Italie en quête d’objets, rapportant des meubles italiens du XVIIIe siècle pour aménager chambres et salons. Il dessine également lui-même du mobilier, dont la lampe qui porte aujourd’hui son nom et qui éclaire de sa lumière tamisée l’ensemble des pièces de la Villa Médicis. Toujours à son initiative, la restauration des jardins a permis de retrouver l’ordonnancement voulu par Ferdinand de Médicis et de mettre habilement en scène des copies de sculptures antiques qui composaient la collection de Ferdinand.

 

Les jardins

Vue aérienne sur les jardins

Canopée de pins parasols dans les jardins de la Villa Médicis

Paon sur l'épaule d'un niobide

Loggia de Cléôpatre

Vue des jardins depuis les appartements historique

Statue d'Hermès dans les allées du jardin

Le groupe des Niobides

Allée du jardin

Obélisque et fontaine

Bosco

Promenade dans les jardins

Les jardins historiques de la Villa Médicis s’étendent sur près de 7 hectares et possèdent un riche patrimoine végétal, à l’image des derniers exemplaires des majestueux pins parasols plantés par Jean-Auguste-Dominique Ingres au début du XIXe siècle.

En 1564, le Cardinal Giovanni Ricci achète le domaine qui est alors un modeste terrain planté de vignes et entreprend d’importants travaux d’aménagement. C’est à lui en particulier que l’on doit le réseau d’irrigation alimentant les nombreuses fontaines, œuvre de l’ingénieur mathématicien milanais Camillo Agrippa. En 1576, lorsque le Cardinal Ferdinand de Médicis rachète le domaine aux héritiers Ricci, il amplifie la démarche de son prédécesseur et agrandit la propriété.

Les jardins de la Villa Médicis, inspirés des schémas toscans, se divisent en trois zones : le piazzale avec les quadrati adjacents, le bosco et la braccheria. Devant la loggia, le piazzale (esplanade) prolonge l’axe central de la Villa. Les quadrati (carrés) se composent de seize espaces verts délimités par des haies, conférant un aspect labyrinthique aux jardins. Le bosco, planté de chênes verts, est le lieu le plus mystérieux des jardins où Ferdinand de Médicis aimait chasser les oiseaux. La braccheria est une zone historiquement réservée aux activités de production horticole qui accueille aujourd’hui la serre des jardins ainsi qu’une partie des habitations des pensionnaires de la Villa Médicis.

Aux détours de cet ordonnancement savamment conçu, surprises et émerveillements sont au rendez-vous, telles les nombreuses copies des antiques de Ferdinand, la monumentale loggia de Cléopâtre, l’Obélisque de la Fontaine des Dauphins ou encore les Niobides, ensemble de treize sculptures représentant le mythe de Niobé et dont les originaux sont conservés au musée des Offices à Florence. Axe majeur du jardin, le Viale Lungo traverse tout le domaine et ménage une perspective, à l’extrémité Nord, sur la majestueuse Dea Roma, statue protectrice de Rome.

Présences silencieuses dans les jardins, les hermès disposés à l’angle des carrés sont des bustes et têtes surmontant un bloc vertical de marbre qui, dans la Grèce antique et chez les Romains, marquaient les limites des seuils, des propriétés, des carrefours et des routes. La collection de Ferdinand de Médicis en comptait 72, dont la plupart des têtes antiques ont été remplacées par des moulages en plâtre dans les années 1990.

Seul le piazzale et les quadrati sont accessibles dans le parcours des visites guidées.

 

Préserver au naturel les jardins historiques

Depuis plus de quinze ans, les jardins de la Villa Médicis sont entretenus de façon éco-responsable. Pour lutter contre les maladies et les insectes nuisibles, la Villa Médicis a mis en place des solutions écologiques, remplaçant les produits chimiques par des produits naturels et faisant recours à des lancers d’insectes utiles. Plusieurs essences historiques des jardins tel que le buis, le laurier, le pistachier lentisque, l’acanthe ou le myrte ont été réintroduites, ainsi que des plantes méditerranéennes peu gourmandes en eau. Les agrumes occupent également une place de choix dans les jardins de la Villa : déjà au XVIe siècle, les orangers, citronniers, bigaradiers et cédrats étaient cultivés et approvisionnaient la table de Ferdinand de Médicis tandis que leurs fleurs et leurs écorces pouvaient être confites, marinées ou distillées sur place. En particulier, le cédrat ou mala medica était cultivé pour ses vertus pharmacologiques contre les fièvres et les poisons. Aujourd’hui, les 7 hectares de jardins de la Villa Médicis comptent plus de 300 agrumes, entre bigaradiers, citronniers et cédratiers.

 

En savoir plus sur la gestion responsable des jardins

Abri pour chauve-souris

Bigaradiers dans les jardins

Terrasse du Bosco

Réaménagement des espaces historiques

Réenchanter la Villa Médicis

Comment renouveler le regard sur la Villa Médicis et en faire un lieu vivant des savoir-faire contemporains tout en préservant l’esprit de la Renaissance ? C’est l’ambition du vaste projet de réaménagement « Réenchanter la Villa Médicis », conduit depuis 2022 pour faire rayonner le design contemporain et les métiers d’art en dialogue avec le patrimoine historique.

Grand Salon de la Villa Médicis réaménagé par Fendi © Daniele Molajoli

Un patrimoine à préserver

Les collections

Les collections de la Villa Médicis comptent plusieurs milliers de pièces du XVIIe siècle à nos jours, héritage de son histoire et de ses fonctions successives, d’abord demeure de prestige du cardinal Ferdinand de Médicis et aujourd’hui siège de l’Académie de France à Rome.

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