Société
21 février: Fugace, stridente, fragile, l’éternité des soulèvements révolutionnaires
Rencontre avec Sophie Wahnich et Sasha J. Blondeau
Quoi de plus fugace qu’un soulèvement qui s’arrache aux forces gravitationnelles de la structure ? Et pourtant quelque chose s’inscrit alors comme expérience indélébile pour l’être qui l’aura traversé. Cela fait trace, voire trésor, mais un trésor toujours difficile à transmettre, « trésor perdu » disait Hanah Arendt en relisant René Char et ses Feuillets d’Hypnos. « Notre héritage n’est précédé d’aucun testament ». Grand désarroi.
Lorsqu’elle relit l’énoncé du poète résistant quinze ans après la fin de la seconde guerre mondiale, elle affirme que « l’artiste (Sasha J. Blondeau, musicien), le poète et l’historien (Sophie Wahnich, historienne de la période révolutionnaire française) » sont des « bâtisseurs de monuments ». Ils seraient ceux qui pourraient prendre en charge la brèche du temps entre le passé et le futur, prendre en charge cette difficulté à faire jouer son propre héritage. Ils sauraient faire face à l’impossibilité d’en être pleinement dépositaire, faire face à une discontinuité du temps qui conduit à son resserrement sur le présent.
Il faut alors des occasions présentes (le mouvement des gilets jaunes), réinventions sans modèles pour que quelque chose passe. Quand la vaillance cherche ses armes, les soulèvements puisent dans le trésor retrouvé (imaginaire et graffitis) l’énergie de la stridence émancipatrice. Interrogations.
19.00
entrée libre – sans réservation
traduction simultanée disponible