Atelier de recherche de Nora Martirosyan

L’image comme exigence du regard Dans le cadre des ateliers de recherche proposés par les pensionnaires de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis, Nora Martirosyan , pensionnaire cinéaste, invite Marie-José Mondzain , philosophe. « À partir des images que j’ai tournées entre 2010 et 2013, nous allons aborder avec Marie-José Mondzain les questions qu’elle développe dans son travail de philosophe à partir de l’analyse du cinéma notamment dans L’image peut-elle tuer ? (2002) et Images (à suivre) (2011). Il s’agit des questions relatives à l’incarnation des personnages, à la distinction de l’acteur et du figurant, au cinéma qui peut définir un peuple pour lui donner accès à sa propre image. Ainsi le cinéma devient-il une archive indispensable de son époque et du système dans lequel il est produit. On m’a souvent dit que seules les actions définissent une fiction, mais je ne crois pas aux actions. Cette fois encore, alors que je voulais raconter une histoire, je me suis rendue compte que la fiction était déjà contenue dans l’acte même d’interprétation du réel. Et pour le projet Territoria , objet de ma résidence à l’Académie de France à Rome, la réalité la déborde largement, la ridiculise même. Du coup ma nouvelle hypothèse de travail serait plutôt celle d’une fiction qui se plie aux courbes de la réalité. Comment faire en sorte que ce contexte historique et géopolitique incarné par les personnes qui le vivent au quotidien ne devienne pas seulement le décor d’une histoire, mais l’histoire elle-même ? Comment véhiculer cette histoire sans avoir à en passer par un rapport de type documentaire qui risquerait de nier la poésie humaine que portent ces individus face à un passé qui se conjugue encore pour eux au présent ? En somme comment leur rendre à l’image la liberté et l’autonomie dont ils font preuve face à l’Histoire qu’ils portent et qu’ils incarnent. Cela ne peut-il pas être une définition possible du cinéma, à partir de laquelle commencer une fiction ? Le travail d’écriture a fait naître beaucoup d’images, des images comme des interrogations. » Nora Martirosyan

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