Atelier de recherche | Carole Halimi

Le tableau vivant : une performance entre l’art et la vie ? ” Dans le cadre des ateliers de recherche proposés par les pensionnaires de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis, Carole Halimi , pensionnaire historienne de l’art, invite Luigi Ontani , artiste italien actif depuis la fin des années 1960 sur la scène internationale. La question du tableau vivant au croisement de la pratique artistique de Luigi Ontani et des recherches de Carole Halimi constituera le sujet de cette rencontre, sous la forme d’un entretien avec l’artiste. Entrée libre dans la limite des places disponibles. Rencontre en italien avec traduction en français. Parmi les définitions usuelles du tableau vivant, celle du Littré stipule qu’il s’agit de « […] groupes de personnages vivants, représentant par leur attitude et leur costume, des tableaux plus ou moins célèbres, des sujets historiques, etc. ». De fait, le phénomène qui remonte principalement au milieu du XVIIIe siècle est plus complexe. Il se situe à la croisée du divertissement mondain et du théâtre, prenant pour objet les beaux-arts, plus particulièrement le principe de composition d’une œuvre peinte ou sculptée. Mais l’on ne tarde pas à désigner également par tableau vivant ce qui ne relève pas d’une reproduction d’une œuvre d’art connue, mais se réfère plus largement à l’incarnation vivante d’épisodes de l’histoire ou de la mythologie, de personnages inscrits dans un dispositif visant à « faire tableau » au moyen du corps vivant. Parler de tableau vivant dans les arts contemporains revient à évoquer les usages que l’on peut faire de cette forme où les corps sont souvent « immobiles », tiennent la pose, pour reproduire le temps suspendu du tableau. Mais c’est aussi penser plus largement une esthétique du tableau vivant, sans références explicites à cette pratique, comme une apparence donnée aux images. Dans le cas de Luigi Ontani, c’est la pratique du tableau vivant qui se trouve actualisée, puisqu’il en reformule le langage à partir de la fin des années 1960, en observant la pose dans le cadre de performances données devant un public ou réalisées pour l’objectif photographique. Du tableau vivant, Ontani reprend l’immobilité, l’articulation conceptuelle à une œuvre ou un personnage connu, la construction d’un simulacre, c’est-à-dire d’une apparence illusoire qui se donne pour une réalité. L’artiste devient le temps du tableau vivant, un personnage tiré d’une peinture ou d’une sculpture célèbre, reformulant avec sa propre identité et son propre corps, l’art qu’il admire. À la différence de bien des artistes qui peuvent mettre en œuvre une esthétique du tableau vivant, Ontani l’inscrit dans son histoire et dans sa vie. Le tableau vivant est justement pour lui un médium adapté à l’espace qu’il cherche à explorer, celui qui se situe entre l’art et la vie. Médium par nature à la frontière de plusieurs autres, le tableau vivant possède ce que l’on appelle aujourd’hui ce critère d’ intermédialité qui le rend adapté au voyage entrepris par Ontani à travers les formes, les époques, les genres, les arts. L’entretien sera par conséquent orienté autour de deux principaux axes de réflexions : la possibilité offerte par le tableau vivant de fusionner l’art et la vie ; les questions qu’il pose dans sa forme à l’esthétique de la performance. /CropUp/305x229P/media/1800078/carole_halimi.jpg

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